dimanche 23 février 2014

Megadrive, la console de la Honte - par Olivier Pastor.

Anecdotes de gamers
 
Une fois par mois (parfois plus) un joueur expérimenté (de la catégorie des passionnés les plus vifs ) nous fait revivre une licence, un jeu marquant, une console autour de ses souvenirs personnels, d'anecdotes inédites et autres petits plus qui forgent le style et la passion. Cette semaine, c'est Olivier (Games History, World of Olive) qui s'y colle...
 
 
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La Megadrive sort en France en 1990, j'ai alors onze ans et mon petit frère en a sept. Notre maman travaille pour La Redoute et le catalogue Automne/Hiver est pour nous l'ultime source d'inspiration en vue d'écrire notre lettre au Père Noël. C'est donc dès le mois de septembre que mon frère et moi commençons nos petits plans, chacun de son côté. Commander la Master System me semble une bonne idée. J'ai bien usé mon Atari 2600 et elle commence vraiment à faire pâle figure face aux consoles des voisins. La NES m'apparaît aussi comme une option. Au détour d'une discussion, à plat ventre sur le tapis du salon et le catalogue devant nous, mon frère et moi commençons alors à rêver de la Megadrive. Elle a certes moins de jeux que ses concurrentes 8 bits, mais quelles images. Une idée germe. Et si, pour la première fois de tous les temps, les deux frères ennemis s'associaient, mettant le budget Noël en commun. Et si nous commandions à deux cette petite merveille? 
 
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Novembre 1990, à presque deux mois de Noël, chez mes grands parents. Impossible de dire aujourd'hui si je pensais juste avant ce moment à la console de jeu, mais ce qui est sûr c'est que je me souviens parfaitement de l'instant. L'instant où, au détour d'un regard, j'aperçois un coin de carton. Un indice, bêtement laissé visible au dessus d'une armoire. Un secret maladroitement recouvert d'une simple couverture lourde. L'imprudence de parents qui ne réalisent pas que leur enfant a grandit, qu'il est capable des plus belles fourberies, des plus beaux stratèges et de leur exécution sans faille. C'est à ce moment précis que beaucoup de choses se mettent en place dans mon esprit. Le risque est grand mais il peut être maitrisé. Il suffit d'être méthodique. 
 
Première fois. Trouver le moment où les adultes travaillent ou vaquent à leurs occupations de grands. Installer l'escabeau qui me permet de l'atteindre. Toucher le carton, le découvrir, jubiler. Tout remettre en place.
 
Deuxième fois. Reprendre toutes les précautions nécessaires. Attraper le lourd carton. Le poser sur le lit. Etudier la question de l'ouverture. Rien ne doit transpirer... Tout remettre en place. 
 
Troisième fois. Descendre le carton sur le lit. Décoller délicatement l'adhésif qui retient l'ouverture. Ouvrir. Sentir l'odeur du plastique neuf, de la technologie. Vivre ce déballage comme un vrai jour de Noël. Réfléchir. Décider de la brancher sur la minuscule télé de la petite chambre.
 
Je n'avais clairement jamais fait preuve d'autant de minutie, de patience. Jamais je n'avais eu aussi peur aussi. Mais l'idée de jouer à cette console avant la date prévue était trop forte. J'ai donc déballé tous les câbles, délicatement. J'ai mis de côté tous les petits tournichons en plastique, tous les sachets, et ai fait bien attention à ne pas laisser transpirer le moindre indice. Et j'ai joué. 
 
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Des heures entières, j'ai joué avec le seul jeu accessible, celui qui était fourni avec la console, à savoir Altered Beast. Un jeu qui n'est pas extraordinaire, mais on parle d'une époque où chaque jeu vous faisait plusieurs semaines, plusieurs mois. Dans une boite, quelque part, se cachait Castle of Illusion mais je savais d'avance qu'y jouer était impossible, question d'emballage scellé. Alors toute ma concentration était portée sur Altered Beast et la protection de mon petit méfait. 
 
Du mois de Novembre au jour de Noël, j'ai du faire une bonne dizaine de sessions d'une ou deux heures, pliant le jeu en mode solo, découvrant tous ses secrets. Et quand la délivrance est arrivée avec un joli sapin orné de boules et de guirlandes, j'ai feint d'être à la fois surpris et émerveillé. Une grande leçon de théâtre, récompensée par une ignorance totale et durable. Jusqu'au moment d'écrire ces lignes et de les mettre à la disposition, personne ne connaissait mon petit secret.
 
Megadrive, console de ma honte. J'ai découvert avec elle une passion dévorante. De ces passions qui vous pompent le temps libre à en déborder sur le temps utile. Repas en 5ème vitesse, veillées nocturnes, réveil après le coucher des parents parfois. J'ai joué plus que de raison parce qu'à l'époque j'avais l'insouciance et le temps. Evidemment, tout ce plaisir ce paye. Comme tout les plaisirs terriens, il va à l'encontre du raisonnable. Des centaines de matinées avec l'esprit ailleurs, la concentration nécessaire aux cours plongée sous la couette encore chaude de mes rêves pixellisés, que je rehaussais en haute définition avec mon imagination d'enfant. 
 
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Tantôt pilote de Formule 1 avec Ayrton Senna Super Monaco Grand prix, tantôt dans un chasseur avec F22 interceptor. Courant après le compteur d'une console qui n'avait pas toujours prévu la sauvegarde, pleurant pour qu'elle ne s'éteigne pas à l'heure de manger. Le jeu de rôle avec Landstalker, la plateforme avec Sonic, le beat'em all avec Street Of Rage, des dizaines de genres que je découvrais finalement entre les mains de cette machine, au niveau ludique tellement supérieur à la précédente. Autant de graines plantées à l'époque et qui font que je suis aujourd'hui un gamer plein de souvenirs et d'espérance. Et de nostalgie aussi...parce que j'ai grandi, parce qu'elles ne reviendront plus jamais ces scènes, parce que ces parties solitaires ou avec mon petit frère n'appartiennent pas au futur. 
 
Parce que je suis un adulte, tout simplement. Je n'ai plus le temps, plus l'insouciance. J'ai des responsabilités, une famille, un travail, un quotidien. Je ne peux plus rêver du futur, je suis au mieux ancré dans le présent. Et de tout ça j'ai honte. S'il savait ce petit garçon, ce que je suis devenu, ce que j'ai oublié, ce que je ne peux plus être désormais. S'il savait, il ne l'aurait jamais vendue sa Megadrive. Il l'aurait jouée à jamais.

Olivier PASTOR aka Olive Roi du Bocal.
 
Joueur lambda, mais depuis longtemps. Collectionneur partiel et blogueur plutôt régulier. Après avoir officié dans le hack des consoles, j’ai quitté le côté obscur pour faire quelques tests sur jeuxvideo.com . J’ai ensuite participé au Games History n°3 sur les jeux de course. On peut me retrouver ici. Attention, très sérieux et pas sérieux s’y mélangent ! 
 
 
Crédits photo Altered Beast HD : http://orioto.free.fr 

mercredi 5 février 2014

HORS-JEUX N°3: ITW de SCIOL (Dessinateur, peintre, illustrateur du RGB)...

HORS-JEUX
Chaque mois (ou un mois sur deux) une personnalité en retrait du monde médiatique, un artiste émergeant en quête de gloire ou de fortune revient sur son parcours et son actualité. Après el didou (Animateur mythique) et Moise the dude (un rappeur qu'il est bien), c'est au tour de Sciol (Dessinateur, illustrateur du blog) de nous parler de lui. 

Hello Sciol ! ça me fait drôle de t’appeler par un autre nom ^^
Comment est-ce que tu te présenterais, en deux phrases…  

Dessinateur de bandes-dessinées, peintre... refus de la soumission à pas mal de règles (ben ouais gaucher contrarié c'est bancal et merdique !), même si j’ai su faire des efforts pour séduire les éditeurs.


Comment t’es venu ton gout pour le dessin ? C’est une vocation ou c’est venu sur le tard ?

Tout petit (comme 99,9% des dessinateurs BD ^^)... quand j'allais en vacances chez mes grand parents il y avait toujours des Spirou, Mickey, Pif gadget ou Blek le rock qui trainaient et que je m’évertuais à reproduire du moins pire possible, la langue pendante et la salive baignant le bas de ma feuille de dessin... ha haha, j'exagère à peine.


Comment résumerais-tu ton parcours ?

Çà a démarré en trombe pour ma pomme, vers 18-19 ans, en gagnant ou en étant primé dans tous les concours BD que je faisais, avec pas mal de propositions que j'ai déclinées au fil des années (erreur à ne pas commettre, en BD comme dans la vie en général... le temps file trop vite ! Conseil ! ^^ ).


Par exemple suite à un concours (au début des années 90) qu'organisait la Fnac sur toute la France et la Belgique, j'ai gagné le concours grand ouest et été sélectionné parmi les 20 finalistes (France et Belgique) à Paris. Avec à la clé une proposition de collaboration pour un ou plusieurs albums venant de la part du conteur Pierre DUBOIS ayant déjà œuvré comme scénariste chez quelques éditeurs majeurs, plus une proposition de radio France Armorique qui après m'avoir interviewé dans leurs studios m'a offert la possibilité de gérer une fois par semaine une émission sur la BD en me permettant d'inviter tous les auteurs que je souhaitais... et bien il a préféré remettre çà à plus tard (le gaucher contrarié) !!!


... enfin si, j'ai tout de même été tout proche de l'édition chez VENTS D'OUEST 10 ans plus tard, big concours international organisé par GLENAT pour lequel j'ai été primé. Ils m'ont repéré et je me suis fait aider par Olivier TAIEB (cousin de Joan SFAR) afin de boucler le scénario et les dialogues. Mais nos univers narratifs étant trop différents, les choses (pratique comme terme  '' les choses '') ne se sont pas faites.


Ensuite j'ai eu un trou sidéral de quelques années. Plus envie de rien, de créer, d'amour, de sentiments... le vide... besoin de me ressourcer, d'accumuler des expériences de vie, regarder, observer, comprendre le monde et mon propre p'ti monde.


C’est quoi ce nouveau nom… SCIOL ?

C'est mon... au moins 350 ème pseudo... celui de la maturité -c'te farce !!! Non mais celui-là je l'adore... c'est mes tripes qui parlent, je me suis remis à peindre !! Je sais dorénavant que je vais peindre jusqu'à mon dernier souffle !!! Trop d'espaces à explorer !!!! Trop de kiff !!!


En plus, ce pseudo, court et clair comme l'éclair qui court correspond définitivement à mon appétit, à ma voracité actuelle, pour la peinture ; une discipline que j'ai délaissé trop longtemps après les beaux arts (Rennes) au profit de la pub et de la BD.


La peinture me laisse plus de liberté graphiquement, c'est sans commune mesure avec la BD (et c'est normal en même temps), même si le risque de finir pauvre, miséreux et squelettique rode constamment... Nan mais j'ai du ressort, faut pas déconner non plus ^^. Tiens, d'ailleurs, j'ai pris un peu de poids ces derniers temps !?!...  Faut que je fasse gaffe ou que je reprenne la clope.


Ta peinture est visible où, en ce moment ?

J'expose plusieurs toiles (à la vente) dans la boutique-galerie 6EME SENS à Lamballe (22) au 3, rue villedeneu -pour ceux qui aimeraient voir quelques originaux. J'ai beaucoup aimé le parti pris de Marie Noëlle THOMAS qui a ouvert cette boutique de déco en octobre et qui a fait le pari d'y animer une partie galerie d'art. Elle expose de très belles et originales sculptures et peintures art moderne d'artistes venant d'un peu partout (Espagne notamment). Que les amateurs d'arts ne se privent pas d'aller y jeter un œil.


Et la BD, c’est fini ?


En fait je ne sais pas, normalement non, je garde un œil sur la BD. J’attends des réponses d’ailleurs,  de certains éditeurs, concernant une maquette à propos d'une légende fantastique et futuriste que je leur ai envoyée au début de l'été. Les quelques planches que je t'ai fournies sur le mont st Michel font partie de ce projet.


Quels ont étés tes influences (artistiques) jusque ici ?

MIRO (inventivité totale au niveau des formes et explosion de couleurs), MUNCH (immédiateté et énergie punk de son propos.) et BASQUIAT (un peu un mixte de MIRO et de MUNCH) concernant la peinture. BILAL et MOEBIUS quand j'avais 13-14 ans pour la BD, mais en BD j'adore aussi des auteurs comme Will EISNER ou De CRECY ainsi que pas mal d'autres mais là on ne peut pas parler d'influences véritables.


Combien de temps il t’a fallu pour faire tes deux illustrations du blog au fait (Penguin Harrier ou la « RGB Corp. »), tu t’en souviens ?


Réaliser une illustration, une planche BD ou une peinture sont des choses très différentes et très variables au niveau du temps passé dessus selon le nombre de détails que tu y mets et selon le style employé. Une illustration couleur peut me prendre de 2 jours à 15 jours. Une planche BD noir et blanc de 3 jours à une semaine. Une planche BD couleur de 4-5 jours à 15 jours. Une peinture de 1 heure à 1 mois, voir plus.


Est ce que tu peux citer tes derniers achats JEUX VIDEO, CD, DVD et BD et tes préférences dans ces « matières », pour finir.


Alors en termes de kif pur, je dirais les Résident Evil 1, 2, Code Veronica et 4 pour les coups de stress permanents et le sentiment de solitude totale en ce qui concerne les 3 premiers et pour la générosité sans borne du RE 4 ainsi que  GTA San Andreas pour l'immersion, la richesse et la variété de l'univers, comme je ne l'ai jamais ressenti depuis, malgré par exemple de très bons Far Cry 3, GTA 5 ou Red Dead Redemption.Pour la BD, dur de choisir aussi, alors je vais trancher pour les Phalanges de l'ordre noir et partie de chasse de Bilal et Christin, Nicolas de Crécy en général et plus particulièrement sa série Salvatore pleine de poésie, de dérision et de sens profonds teintés d'humour barré, ainsi que tous les Margerin, du pur bonheur direct et sans concession.

 

Pour le son, j'écouterai jusqu'à mon dernier souffle tout le punk originel (77), Clash, Sex Pistols, Suicide, Sham 69, Cramps, Uk Subs, Buzzcocks, etc. ainsi que toute la scène alternative  française des années 80-90 avec Béruriers Noirs, Mano Negra, Noir Désir, Ludwig Von 88, OTH et des tas d'autres ainsi que tout le vieux ska, reggae, dub, soul, jazz... en fait trop plein de kifs en musique... dur de choisir, ah oui j'y ajouterai le génie: Mister Gainsbourg. Et enfin dans les trucs actuels quelques rap qui flattent mon oreille comme My first song de Jay z (que m'a fait découvrir le chacal qui me soumet à la question en ce moment héhé) ainsi que I be high de Kid Cudi. Et enfin pour le ciné, impossible de choisir, il y en a trop et ma mémoire flanche haha.


Au fait, MOISE THE DUDE (invité du précèdent HORS-JEUX) a une question pour toi :

Je ne sais pas qui tu es ni ce que tu fais (à priori du dessin) mais ma question est la suivante : Est-ce qu'il y a un truc, un objet, un lieu, un personnage whatever, que tu n'arrives pas à dessiner ? Genre tu peux le dessiner mais ça ne te plaît pas, il y a quelque chose qui t'échappe, tu n'es jamais content du résultat ?

Globalement je me sens plus à l'aise quand il s'agit de créer intégralement des univers futuristes ou fantasmagoriques, alors que je m'ennuie parfois lorsqu'il faut dessiner le contemporain.Plus particulièrement, les animaux me donnent pas mal de fil à retordre quand il faut les dessiner de façon instinctive (je préfère les étudier avant). J'ai également plus de facilités à dessiner une femme en mouvement que figée debout... question de dynamique des courbes. Pour conclure, le jour ou je serai continuellement satisfait de ce que je fais, j'arrêterai tout car çà laissera supposer que mon envie de découvrir, explorer, progresser aura disparu... mais j'en suis loin surtout depuis que je me suis remis à la peinture, discipline dans laquelle une trouvaille en appelle toujours une autre :)

A ton tour, tu aurais une question pour l'invité du "mois" prochain ?

Question (de SCIOL) pour le prochain invité :

Quel est le moteur principal qui te donne l'idée d'un film ? Une image ou plusieurs images ? Un son, une musique ? Une idée d'histoire ? Tu laisses une idée murir assez longtemps ou t'arrive-t'il de filmer sur une impulsion ? Un flash ?

Merci Sciol! Et à bientôt pour notre projet commun ... j'espère que ça avance !
(perso, je rame un peu) ^^