vendredi 25 octobre 2013

ITW d'El Didou (10 ans après Game one!) Propos receuillis le 26 Septembre 2013.


HORS-JEUX
Chaque mois une personnalité en retrait du monde médiatique, un artiste émergeant en quête de gloire ou de fortune revient sur son parcours et son actualité
.

C’était une époque où je trainais encore devant la télé à cette heure là. Une époque où un standard téléphonique captant des appels en direct à la télé, et en provenance de téléphones à cadrans,  était chose assez courante, voir même « moderne » quand on y songe. Une époque où même le mot « moderne », alors emprunté à ma grand-mère, ne faisait pas encore ringard. L’époque du titre « Kung fu fighting » et de la première saison de la chaine Game one, que je découvre d’un même tenant,  avec ce drôle de Dj, à l’univers décalé. Nous sommes encore dans l’autre siècle, l’autre millénaire même, il y a 15 ans de ça!

Depuis, plus rien. Et mise à part un maigre filet contenu sur une page wikipédia tout aussi rachitique – où il est question d’un claquement de porte vers l’année 2002 (et encore, il faut le deviner), rien de neuf depuis dix ans ; aucunes nouvelles du personnage. Son souvenir n’est plus que très légèrement ravivé par de trop rares You tubeurs -des nostalgiques monomaniaques- et qui ressassent les même extraits : L’un avec le jeune Marcus en pleine période de bizutage d’apprentissage  de son métier. L’autre, avec la charmante Anne-lise, dont on aimerait (aussi) savoir ce qu’elle devient. Après quelques démarches et des retours plutot sympas, le 26 Septembre dernier, j'obtiens l'échange qui suit...

Allo, Guillaume ?
Mouais… (C’est « El didou » à l’appareil ; immédiatement, je le reconnais)

Près pour quelques questions ?

Vas-y Vincent, mais comme déjà dis par mail je ne suis peut être pas le bon client.

Okay, c’est cool. On se tutoie et tout ! Tu as du temps un peu, tu as bouffé là ? (il est 13h)

J’suis dispo 20 minutes, « ça va ! », c’est bien vingt minutes … ^^
On va tenter de faire vite quand même.

T’inquiète on peut pousser jusqu’à vingt et une si tu veux…

Me voilà plus détendu d’un coup ^^ 

Bon, j’y vais…

Beaucoup de nostalgiques de la chaine Game one se souviennent de son lancement et de tes émissions (le Dawa notamment), qu'est ce que tu fais aujourd'hui, toujours à la télé ?

Je bosse pour Canal + pour les chaînes gratuites de la TNT, principalement dans le département divertissement de D17.  Je m’occupe du Zap  et de la matinale « Show le matin » présentée par Cartman, Vincent Desagnat et Stéphanie Loire.


C’était toi aux manettes, derrière l’émission du Morning Star ? (avec Johann Lefebvre et Gérard Baste- ex-présentateurs du « Level one »). Tu les as connu à Game one ?

Non, j’ai découvert le duo grâce à d’excellentes vidéos sur Internet ( Je n’étais plus chez Game One lorsqu’ils bossaient là-bas). J’ai adoré leur humour. Je me souviens d’un extrait sur des animaux à adopter qui m’a fait mourir de rire.

Pourquoi cette émission a-t-elle été remplacée ? (c’était sympa de les revoir)

Presque 3 ans de Morning Star, c’est déjà pas mal. La nouvelle direction souhaitait une nouvelle émission.   
Toi, il y a des chances que tu reviennes, face caméra ou en radio ?

Non, mais j’avoue que je rêve depuis longtemps de faire de la radio. Pour la télé j’ai un projet avec des amis mais nous manquons tous de temps et puis je ne sais pas si c’est réalisable sur une chaîne classique…peut être sur le web.


Tu préparais tes vannes au fait ?

Non, je pensais à certaines choses parfois sous ma douche ou sur le chemin…mais rien de préparé…cela se voit d’ailleurs. Je ne suis pas un comique, pas un animateur…je parlais devant une caméra sans me poser de questions…c’est tout. Comme dans une soirée entre amis, je n’écris pas mes répliques avant.


Et, là dans ces dernières 48h, c’est quoi ta meilleure vanne ?

Hors contexte c’est toujours délicat…mais c’était une histoire de douche à la bière et de Zaz


Attends, j’ai une question de ton fan club dans ce même registre.


Mais c’est quoi cette histoire de fan club ?

Un groupe « el didou » sur Facebook.

Le fameux groupe !  J’y suis passé, ils sont une centaine: voilà de quoi faire un comeback (rires) ! Je ne suis pas du tout sur facebook et compagnie, mais la démarche me touche beaucoup ; j’ai adoré certains messages. J’en profite d’ailleurs pour remercier tout le monde une nouvelle fois. Je suis proche de certains…ils se reconnaitront. Ca me gave un peu de revoir certaines vidéos, je trouve cela vraiment moyen, dans le contexte c’était peut être drôle mais là c’est bof…en plus je ne supporte pas ma ganache.


Nous sommes 171, depuis que j’ai rejoint le groupe ^^

Et les chaines ne m’appellent toujours pas ???!!! Etrange !


Voilà la question : Est-ce que tu crois que la liberté de ton n’est plus la même à la télé aujourd’hui ?

Il n’y avait ni plus ni moins de liberté de ton à mon époque. Les animateurs sont parfois un peu bridés mais avec du talent on peut tout dire …bon faut être prêt à perdre sa place, c’est tout.


Pourquoi on t’a demandé de partir ?

Une décision de la direction. On m’a demandé de faire une émission, puis de partir, puis de revenir, puis de repartir à nouveau… je suis toujours resté moi-même. Quand ça c’est terminé je n’ai pas couru les castings d’ailleurs. Au départ, je viens de la presse écrite, c’est l’écriture qui m’intéresse. Par le biais de Nintendo player puis de Player one je suis rentré chez  « C : »  j’ai suivi mes amis (Matt, Ness…) en réalité. Ensuite nous avons bossé tous ensemble sur la création de Game One. C’était une période inoubliable. On était entre potes,  on ne se prenait pas au sérieux mais on faisait notre job très sérieusement. Ils m’ont beaucoup appris, c’est chez Game One que j’ai appris le métier de monteur et réalisateur…l’animation c’était par hasard, une bonne ( ?) idée de Ness et Matt.


Tu as des nouvelles d’Anne lise (ta partenaire à l’écran) ?

Oui, elle est toujours comédienne. Vous pouvez la retrouver en ce moment dans la saison 2 de Platane  la série d’Eric Judor.


Quelques souvenirs de Player one ? Des jeux que tu as testés ? C’est de là que vient ton surnom je crois.

Tout à fait c’est pour la presse que j’ai du prendre ce drôle de sobriquet…. Ce qui me revient de cette période, c’est avant tout l’ambiance au sein de la rédaction. Mes plus belles rencontres professionnelles et amicales. La vie de testeur de jeux vidéo c’était du délire. On avait 20 ans, on partait à Los Angeles,  Londres, Tokyo pour jouer et écrire…le rêve surtout qu’entre nous  on gagnait très bien notre vie.


Quels sont les jeux qui t’ont le plus marqués à l’époque?

Lorsque Road Rash est arrivé, on faisait la queue pour le tester chacun notre tour dans la salle de test. Une bande son mortelle (j’entends encore Black hole sun de Soundgarden), des courses de malades, des vidéos à mourir de rire… un jeu rock’n roll de A à Z ! Dans un autre genre J’avais beaucoup aimé Parappa the rapper. Tout le monde me chambrait à cause de ça !! - Bust a groove, le jeu de danse…c’était bien aussi ; très en avance sur son temps.

Tu joues encore aujourd’hui ?

Oui, j’ai une 360 et je viens de ressortir ma PS3 qui prenait la poussière pour jouer à Last of us. Mais bon, les jeux sont trop scriptés, trop facile. Je mets souvent le mode difficile pour m’amuser un peu, le truc impensable il y a encore quelques années ! Avant les jeux, en mode normal donnaient déjà du fils à retorde ! Demain j’attaque le nouveau GTA, j’espère qu’il sera mieux que les  derniers…pour moi le meilleur de la série reste San Andreas et apparemment il est dans la même veine.

Au dessus du jeu vidéo tu as la musique pour passion, il me semble, (Guillaume acquiesce, avec enthousiasme !) est ce que tu peux me citer les trois derniers titres qui t’ont bien accrochés ?

Je n’aime pas trop Eminem d’ordinaire mais là, son dernier titre « Berzerk », quelle tuerie…faut dire qu’avec Rick Rubin dans le coin ça pouvait pas être mauvais ! J’ me le passe en boucle. J’écoute aussi kendrick lamar (du rap west coast) en ce moment, je viens seulement d’acheter l’album, oui je sais je suis à la bourre. Et évidemment,  le dernier Arctic monkeys que j’écoute en permanence, ce groupe est fabuleux tous les albums sont extraordinaires…J’ai découvert dans un festival à la sortie du premier album…une vraie claque.  Tous les albums sont brillants. Sinon, j’attends avec impatience le prochain Katerine qui sort ce mois-ci, le 14. J’adore Katerine…tellement Sexy cool !

Pour poser une question qui a dix ans maintenant, t’es plutôt NTM ou I AM ?

Avant j’étais les deux. Aujourd’hui, j’écoute plus trop de rap français mais je serais plus NTM au final. I AM j’ai décroché il y a pas mal de temps, leurs derniers albums ne me parlent plus du tout.

Merci d’avoir été le parrain de cette nouvelle rubrique.
Est-ce que tu as une question pour mon prochain invité ?

Qu’est ce qui fait qu’on est un homme Mr lebowski  ?

Un message pour tes fans et tes anciens collègues (de Player one de @gameone), pour conclure ^^ ?

Aux anciens de Players : On s’était dit rendez-vous dans dix ans, j’ai attendu, attendu…Patrick Bruel est arrivé, je me suis barré vite fait, bien fait.
Aux anciens de Game One : qui m’a piqué mon super dessin du mangaka ? A mes 4 fans : je fais un barbecue le 10 janvier…vous venez ?

Pour finir, El didou m’ « engoule » à n’en plus finir sur les conditions d’enregistrements déplorables, mon manque de professionnalisme, le probable crash de sa carrière dans les débris de mon sombre blog et des moyens techniques promis qui n’étaient pas au rendez-vous (tout ça pour rires, hein), je coupe, ça dure des plombes ^^ Et là, de m’apercevoir à ce moment, qu’effectivement, mon vieux magnéto à mini- cassettes au son crasseux, aux piles usées, a rendu l’âme pendant l’échange. Mais ça, didou le sait (surement depuis la veille !). Je termine en lui proposant de régler tout ça dans un bar, quand l’occasion se présentera. Qu’est ce que tu bois ?

En ce moment plutôt de l’eau plate, je me lève tôt avec la matinale. Sinon, je ne crache pas sur un petit mescal ou bien un rhum ambré de temps en temps (d’origine péruvienne, le rhum ; si c’est possible).

Tu reste fidèle à tes origine mexicaine quoi ^^

Comment ? Ah, oui… voilà ^^ Bon faut raccrocher maintenant monsieur…

Merci d’avoir été le parrain de «Hors Jeux» -la seule rubrique qui a de l’avenir !

De rien camarade, merci à toi et à une prochaine ! Je dirais même plus : salut L’artiste.
 
Merci à Padawam pour les coordonnées et au Did pour sa coolitude.Prochain Hors-Jeux: le 30 NOVEMBRE!

vendredi 11 octobre 2013

Secret of mana (par Pierre Maugein)

 
Comme tous les jeux sur une vieille Super Nintendo étouffée par des autocollants Donkey Kong, moches bien évidemment, Secret of Mana ne se lançait pas du premier coup. Après deux souffles dans des composants qui demandaient tout sauf ça et quelques coups secs, l'aventure débutait. Des branches, un arbre qui s'élevait dans des hauteurs vertigineuses et un vol de bestioles rouges que comme beaucoup j'ai pris pour des flamants roses. Dès l'introduction avec les quelques notes de Hiroki Kikuta, cette ambiance typique des J-RPG 90's s'étend. Un propos de conte, un univers à la magie prépondérante, des héros adolescents, parfaits pour s’immiscer à leurs côtés.
 
 
 Secret of Mana, comme peu de titres actuels, était une aventure, la construction d'un personnage lambda qui se transformait en fur et à mesure en sauveur du pays. Mais avec le même émerveillement. Un principe basique de monomythe mais qui fonctionnait justement par son côté universel. Les mondes s'alignaient, les monstres défiaient châteaux, palais, les bases de la culture humaine, et en tant que héros secondaire malgré moi, je luttais contre tout ce qui me semblait aller contre le beau but de cette histoire, redonner leur beauté aux légendes. La volonté des bad guy : faire revenir à la vie les craintes des textes anciens, détruire le fragile équilibré d'un monde à l'écologie triomphante.


La colère de la planète, incrustée dans le Démo Mana, devait être calmée au risque de tuer l'un des plus beaux boss de l'époque, un dragon majestueux aux points de vie interminables. Une vraie lutte épique, une lutte sans point de chute, avec la seule vision d'une aube qui s'ouvre sur la séparation du petit groupe. Que vont-ils devenir ? Est-ce que la menace est vraiment écartée ? Des questions qui ne trouvent pas de réponse, mais qui sont belles comme une fin de conte.
 
Mais plus qu'une magnifique aventure, Secret of Mana cassait les barrières du jeu de rôle solo en ouvrant son expérience au multi-joueurs. Il devenait alors, d'une sorte de conte numérique, un champ de bataille pour deux ou trois potes. Plus de dangers, plus de tensions, mais des BN et de la limonade pour simplement crier qui fait quoi, quand et pourquoi. De la coopération festive, du boss final expédié à 21 heures avec 8 grammes de sucre dans le sang, une époque où Square encore -soft loin de se penser -Enix, savait comment non seulement charmer le jouer, le faire rêver et l'amuser, mais surtout lui créer des souvenirs. C'était il y a presque 20 ans, mais le souvenir est encore dans les mains et dans l'esprit.
 
Pierre Maugein
Pauvre fou qui voulait devenir rédacteur en lisant Player One derrière l'un des arbres rachitiques de la cour de récré au collège, j'ai finalement réussi à rentrer dans ce domaine après un test passé chez JeuxVideo.com. Entre désillusions, apprentissages et évolutions, je suis aussi passé comme pigiste puis rédacteur chez JeuxActu, tout en ayant participé à Gameweb, en ayant fondé mon propre site, pour finir avec honneur chez Ragemag.fr, où je peux traiter le jeu vidéo comme il le mérite vraiment. 
 

samedi 5 octobre 2013

LES INDISPENSABLES de la guerre Nintendo-Sega (1/8) par Yace


Yacine Djebili (dit "Yace") est un hardcore gamer (et de longue date). Donnez lui un jeu, d'une difficulté que d'aucuns trouveront rebutante, il ira tant bien que mal jusqu'au bout ! Son passage, Jeudi dernier dans l’émission SUPERPLAY, le démontre une nouvelle fois. Ex-membre de l'équipe du magazine Retro game (le magazine), contributeur prolifique sur shmup.com, il prête régulièrement son concours aux projets du retrogame blog. Cette année, il revient, en une dizaine de chapitre, sur la guerre Nintendo-Sega. Voici l’intro…  
aut du formulair

LES INDISPENSABLES
de la guerre Nintendo-Sega par Yace

De nos jours, le marché du jeu vidéo semble appartenir à une infinité d'acteurs : éditeurs, développeurs, et même amateurs qui grâce à la démocratisation de l'Internet ont partagé leurs créations ludiques, et qui pour certains y ont gagné une certaine notoriété.
Votre serviteur, né en 1978 année de Space Invaders, a donc pu observer cette grande période qui avec le recul apparait comme une ère certes transitoire entre la marginalité première du loisir vidéo-ludique et notre actualité où les jeux vidéo ont acquis d'indéniables galons culturels et populaires, sans pour autant que ce nouvel âge du gaming n'ait réussi à fédérer la totalité de ceux qui s'adonnaient à cette discipline dans les années 80 et 90.

Aujourd'hui, l'évolution technique des supports et la démesure de moyens, apanage de certains jeux dont la place correspondrait à l'industrie ludique comme le ferait un blockbuster hollywoodien à celle du cinéma, a clairement institué une barrière, ou plutôt une distinction. Distinction qu'à l'heure actuelle, même les joueurs ont plus ou moins de mal à définir tant dans son concept que dans sa chronologie. Cette idée est celle du "retrogaming", c'est à dire grosso modo l'activité de pratiquer voire d'étudier d'anciens jeux, tout en cherchant toujours à plus exposer de façon empirique ce qui caractérise un "ancien jeu".


Outre la dimension strictement temporelle, qui tend à limiter le retrogaming à la fin des consoles 16 bits (datée entre 1996 et 1997), certains éléments peuvent également concourir à définir le retrogaming, le plus important d'entre eux étant l'émergence de la 3D dans les jeux, mais à nouveau cet argument peut être réfuté par plusieurs autres idées comme les débuts d'un affichage nouveau, débuts plus longs et pour certains d'autant plus frustrant. S'il est reconnu qu'en effet, nombreux sont les jeux originels à la difficulté soutenue, il serait faux de tenir les productions récentes pour de simples exercices ludiques sans âpreté.
Mais alors, comment expliquer qu'aujourd'hui, une telle différence se soit ainsi manifestée dans le milieu des joueurs ?


Il est donc établi que délimiter la distinction entre les diverses époques du jeu vidéo ne peut se constater de manière manichéenne par les seules caractéristiques des programmes en question. Aussi, bien que cela pût sembler tout aussi évident, le seul indice sérieux dont nous disposons à l'heure actuelle est purement chronologique. Aussi, en lieu et place de définir exactement ce qu'est le retrogaming, il parait tout aussi opportun de s'attacher aux évènements qui marquèrent l'industrie du jeu vidéo en cette période qui se recule toujours plus.

Se référer à cette part de l'histoire devenue célèbre sous une appellation flatteuse d'"âge d'or du jeu vidéo", par exemple. Période marquée par une intense rivalité entre deux sociétés qui tenaient le haut du pavé à grand renfort de supports concurrents et d'une pléthore de titres, qui ont su apporter une nouvelle image de ce média qui émergeait en même temps qu'il se généralisait et était en butte à des attaques plus ou moins justifiées ou saugrenues...

Cette rivalité, un antagonisme véritable exprimé tant de manière créative que publicitaire par l'un et l'autre des constructeurs, opposait Nintendo à Sega. A tel point que les autres participants au marché du jeu vidéo, notamment Atari, Hudson Soft ou SNK, ne semblaient que devoir se partager le reliquat de ce que les deux géants du jeu vidéo laissaient au détour de leur affrontement.

La concurrence donnerait-elle des ailes ? Ce ne fut jamais aussi vrai qu'avec la coexistence houleuse de Sega la bleue et Nintendo la rouge, qui se sont donc livré une vraie bataille rangée peu avare d'allusions pas toujours très fines, comme le désormais connu slogan "Sega does what nintendon't" ou encore "Street Fighter II.

Sega owners...dream on ! If you want to play Street Fighter II, it's got to be Super Nintendo".

Cependant conscients que les capacités respectives de leurs supports ne seraient évidemment pas un argument inépuisable, les deux constructeurs ont misé sur l'étendue des ludothèques de leurs consoles, d'où une incroyable prolifération de titres, allant certes du pire au meilleur...Car au delà de l'affect liant le joueur à l'un ou l'autre des deux belligérants, la première finalité était par évidence purement ludique.


Ainsi, le volume des sorties et l'intense battage médiatique autour des jeux les plus attendus ou emblématiques n'étaient que des armes, celles de cette lutte pour le leadership que se livraient Sega et Nintendo, au grand plaisir des joueurs -et au grand dam des parents qui bien évidemment, avaient pour fonction première de mettre la main au portefeuille !
Car au delà des soucis certes financiers et des espoirs de rentabilité qui finalement faisaient et font l'actualité du jeu vidéo, chaque titre qui venait étoffer les catalogues des machines Nintendo et Sega prenaient, de manière plus ou moins efficace, une part active au dantesque combat des deux ogres de l'industrie des jeux. Les éditeurs eux-mêmes étaient parfois partie prenante à cette lutte, comme Konami qui ne développa sur consoles Sega que fort tardivement après une période d'exclusivité à Nintendo, l'éditeur des séries Castlevania, Gradius et autres détenteur des licences Tiny Toons ou Teenage Mutant Hero Turtles n'arriva chez Sega qu'à une époque où seule la Megadrive assurait encore la participation du fabricant à l'antagonisme face à Nintendo, tout comme Electronic Arts qui se révéla finalement plus que fidèle à Sega, ne développant pour Nintendo que de rares titres et d'une qualité fort discutable. On le voit, Nintendo contre Sega, c'était plus qu'une simple concurrence de marché, mais un véritable leitmotiv industriel, et ce jusque dans les cours de récréation de l'époque...

C'est également au cours de ces années qu'apparurent les titres les plus marquants de cette époque et des éditeurs concernés, au point que certains d'entre eux sont encore aujourd'hui de véritables points de repères de la conception ludique voire des exemples de marketing. C'est précisément dans cette optique que le présent ouvrage entend se situer : à travers une présentation originale et personnalisée de certains de ces jeux, la plus grande rivalité de l'histoire de l'industrie ludique revivra le temps de ces quelques pages, et rappellera -du moins je le souhaite- de bons souvenirs aux teenagers gamers d'antan, devenu trentenaires d'aujourd'hui, qui ainsi se souviendront peut-être de quel était leur clan de l'époque et replongeront dans la magie de ces jeux, plus ou moins connus, plus ou moins réussis, plus ou moins consensuels qui ont été touts autant de balles que s'échangeaient Nintendo, la firme au plombier, et Sega, la firme au hérisson...bien évidemment sans oublier que la présente énumération de titres sera fatalement subjective et que certains d'entre vous pourront s'offusquer de la présence ou de l'absence de leur jeu fétiche, de leur plaisir, bref : de leur participation à cette lutte entre deux monstres sacrés, dont l'un est aujourd'hui toujours aussi actif, là où hélas l'autre a depuis cessé sa production de supports...L'histoire est parfois cruelle, mais les grands temps de la chronologie sont à jamais gravés dans le marbre et seront destinés un jour à être transmis aux futures générations de joueurs qui ainsi, sauront comment est né le jeu vidéo et à quoi jouaient leurs parents, voire grands-parents...


En me plaisant à croire que certains trésors du passé sauront cependant faire consensus, que le spectacle commence : bienvenue dans l'arène avec dans un coin du ring : Nintendo en culotte rouge, et dans l'autre, Sega en culotte bleue !

NOTA BENE : Bien que la rivalité fût la plus ardente sur les consoles 16 bits respectives de Sega et Nintendo, la Megadrive/Genesis et la Super Famicom/Super NES / Super Nintendo, j'ai résolu ici de la généraliser à un schéma établi : les consoles 16 bits donc, mais également les consoles 8 bits (Sega Master System/Sega Mark III et Famicom/Nintendo Entertainment System) ainsi qu'aux consoles portables (Game Gear et Game Boy). Car chacune à leur façon, ces machines ont illustré l'emprise des deux constructeurs sur l'industrie ludique de l'époque.
Le mois prochain, la suite...