lundi 6 février 2012

Retrogame Quizz numéro 1 : Les meilleurs jeux de l’alphabet. Invité: Daniel Ichbiah (Ecrivain).

Les 26 lettres de l’alphabet, un titre à choisir à chacune des lettres et comme étant à la fois:
L’un des meilleurs de sa catégorie, l’un de ceux qui a fait avancer le jeu vidéo, l’un de ces titres encore agréable à jouer malgré l’usure du temps ! 
A la fin du questionnaire : Le portrait -de gamer- de l’invité sondé.
Et, pour inaugurer le quizz, l'écrivain: Daniel Ichbiah.
C'est tipar !

 
Daniel,
Quels sont les titres que tu garderais, parmi ceux qui suivent (ou portant la même première lettre) et pourquoi ?

Actraiser-Astéroid- Arkanoid

Je choisis plutôt Assassin’s Creed pour cette liberté de déambulation, la capacité à sauter sur les toits, à grimper sur les monuments…
Bomb Jack-Banjo Kazooie-Bioshock ?
Baphomet (les chevaliers du Baphomet)... Trop cool, le style bande dessinée. Rien que d’y penser, j’ai envie d’y rejouer !
Civilization-Crash Bandicoot-Capitain Blood ?
Difficile de choisir entre Crash et Captain  Blood. Crash, c’est l’intrusion d’un ‘fun’ de type flipper dans le jeu vidéo, un truc dingo. Captain Blood, c’est un mythe... Un univers à part entière.
Donkey Kong (classique)-Donkey kong country(Snes)-Donkey kong returns (Wii) ?
Je citerais plutôt le premier Doom qui a introduit la majorité des joueurs à la 3D temps réel et a révélé le ‘fun’ des FPS.

Eco fighters-Elder scrolls V-ESWAT (sega) ?

Egypte, l’énigme de la Tombe Royale. Non pas qu’il ait été un jeu inoubliable mais en souvenir de l’époque où les ventes de soluces de jeu vidéo étaient l’une de mes principales ressources.

Final Fantasy IX-Final Fantasy VII-Final Fight ?

Le 9.Le plus beau de toute la série, le plus difficile à classer. Un OVNI à lui seul dans la saga...

Grim Fandango (de Tim Schafer)-Golden eye (N64)-Ghost’n Gobelins ?

Grim Fandango, c’est du grand art, du Tarantino avec des morceaux de Beetlejuice dedans. La classe.

Halo (Bill ^^?)-House of the dead- Heavy Rain ?

Le premier Halo a révélé combien une console avec disque dur (la Xbox d’origine) pouvait changer l’approche d’un jeu...

Ico - Ikari Warriors -Ikaruga ?

Ico, pour sa poésie... Mais je n’ai fait que passer.

Jackie Chan- Jet set Radio- Jet set Willy ?

Jak & Daxter, le tout premier a été l’un des premiers jeux à exposer combien la PS2 pouvait être craquante au niveau graphique lorsqu’elle est sortie.

Kid Icarus-Karnov’s revenge-King of fighters 98 ?

Kinect Adventures est de tout de même assez bluffant car même des gens qui ne jouent jamais se prennent au jeu et sautent dans les rapides..

Little big adventure-Lylat Wars-Left for dead ?

Little Big Adventure pour la grâce des mouvements du personnage... Et la beauté des décors.

Mario Kart-Metal gear-Magical drop 2 ?

Mario Kart, c’est le jeu vidéo dans toute sa splendeur. Immédiatement accessible à tous et immédiatement ‘fun’. Mais comment oublier Myst, le jeu qui nous a fait vivre dans un univers troublant et insidieusement séduisant durant des semaines avec ces infernales énigmes ? Et aussi Monkey Island 3, qui est dans mon Top 5 personnel.

Nam 75-Nights into Dreams-Nemesis (gradius) ?

Nights into Dreams, encore un OVNI... LE titre de la Saturn. Qui plus est, respect à Yuji Naka, l’un des créateurs de Sonic !

Okami-Operation Wolf-Otomedius ?

Okami, que dire... C’est ce type de jeu qui fait que l’on ne peut comparer le jeu vidéo à aucun autre art en terme d’expérience vécue.

Pes-Pandemonium-Pc Kid 2 ?

Pandemonium, une super sensation de fun immédiat. Mais il faudrait surtout citer Pac Man, un concept infernal, toujours fun au-delà des époques.

Quartet-Quake-Q-bert ?

Que dire, j’ai joué à Quake, mais l’effet de surprise n’était plus là... En tout cas, l’idée des clans et aussi celle de permettre la création d’autres niveaux, c’était top.

Rayman origins-Radiant silvergun-Roller coaster tycoon ?

Rayman Origins prouve qu’il est toujours possible de se renouveler en beauté et qui plus est, l’univers d’Ancel est tellement accueillant. Roller coaster Tycoon a été durant plusieurs mois l’un de mes jeux favoris, à créer des montagnes russes plus désopilantes les unes que les autres.

Sim city-Space invaders-Shenmue ?

Impossible de choisir, les 3 sont des ‘classics’. Sim City a été la révélation en matière de simulation et a réussi à faire jouer des adultes, y compris des maires. Space Invaders a quelque chose d’irrésistible et qui ne vieillit jamais. Shenmue a été l’un des claques de la Dreamcast...

Tomb raider-Tetris-The 7th guest ?

Idem, impossible de choisir. Ces 3 jeux ont marqué l’histoire. Tomb Raider par son traitement de la 3D temps réel tout en splendeur. Tetris est le jeu auquel pratiquement tout le monde a joué et son histoire est un film en soi. 7th Guest a été la révolution graphique, inaugurant l’ère de l’image de synthèse dans les jeux.

Uncharted-Ultra man-Under defeat ?

Ubik n’a pas été un bon jeu mais j’ai une anecdote marrante. Un jour à un salon, je dis à Philippe Ulrich : ‘mon livre préféré est Ubik’ et je lui raconte pourquoi. Un an et demi plus tard, le jeu arrive en test ! Trop esthéthique, trop arty, il n’était pas dans l’esprit foldingue du roman de K. Dick.

V-rally-Vampire killer (castlevania)-Vanquish ?

V-Rallye pour son côté brut, les jets de terre sur la carrosserie, la sensation de se frotter à du rallye sans concession...

Wipe out-W love Katamari-Wonder boy ?

Wipeout pour avoir inauguré les courses à ultra grande vitesse et les sensations qui vont avec. World of Warcraft pour tous ces incroyables territoires dont on se dit que personne ne pourrait jamais les visiter tous...

Xevious-Xenon II (megablast)-X-men vs Street fighter ?

Le seul jeu en X auquel j’ai dû jouer est X-Files. Il ne mérite vraiment pas qu’on en parle. D’ailleurs, honte à moi, étant trop fan de la série TV à l’époque, je l’avais trop bien noté dans Joystick et m’en suis voulu...

Yi ear kung-fu –Yoshi’s island- Yars’ Revenge ?

Yoshi Island est sans doute un jeu mineur, mais j’ai adoré y jouer avec ma fille, donc, il a pris une valeur sentimentale...

 Zaxxon–Zelda (the legend of)-Zombi (Ubi soft) ?

Zelda, the ocarina of time est un mini Autant en emporte le vent du jeu vidéo. Avec une sensation indescriptible, une magie. Chapeau, Mr Myiamoto.
Le Résultat du quizz:
Daniel, les jeux de stratégie et les « Gods games » semblent être au centre de votre gameplay. Rencontrer les auteurs de blockbusters et pour causer, puis retranscrire, des choses et d’autres (et qui restent, de préférence) semble, également, primer pour vous. Attention de ne pas abuser de cette habitude… cela peut irriter, à force, certains vendeurs peu scrupuleux… Pas insensible à l’humour, aux innovations technologiques et aux scénarios dans les jeux -lorsque ceux-ci sont  bien ficelés- vous approchez le perfect. Un effort semble toutefois à fournir, en la matière, sur les jeux de combat en 2D -les shoots them up, surtout,  et la série des Street fighters, par exemple- les fps, aussi, mais dans une moindre mesures…seuls les récents sont concernés. Vous faire violence, de plus, pourrait vous plaire ! Mention spéciale, en tout cas,  à votre éclectisme, auquel s’ajoutent les jeux de plateformes... bonne continuation ^^   
VinZ Carnivore

Lien vers le site de Daniel Ichbiah => http://ichbiah.free.fr/

samedi 4 février 2012

In Dan Ichbiah we trust ! Interview d'un écrivain: Auteur de la Saga des jeux vidéo.

Avant propos
L’appel vient d’aboutir, ce son si caractéristique qui précède la fermeture des portes me le confirme de suite, nous sommes dans le métro ; aucun doute là-dessus. L’interlocuteur répond, la voix m’est  familière, car entendue sur France inter ou encore Direct star il y a quelques jours seulement. À l’appareil : Daniel Ichbiah, auteur de la fameuse "Saga des jeux vidéo".
Nous échangeons trois phrases. Il est à la Madeleine, en direction du ‘ taff ’, le magazine où il exerce  ‘ Comment ça marche ’, pour le citer, il y est rédac chef, logique. Après quelques échanges, toujours depuis le wagon, il me fredonne Yoshi’s Island, la mélodie principale… le ton est donné, le rendez-vous aussi ! C’est pour demain, 15h,  au calme, qu’on puisse s’entendre…  
Le lendemain, vers 15H02...
Bonjour Daniel,
Comment t’es venu l’idée d’écrire un livre sur l’histoire des businessmen et des créateurs de jeux vidéo ?
J’ai eu le déclic, en 1996, durant l’E3 (le salon de l’électronique qui se déroulait, déjà à cette période, à Los Angeles) .J’étais rédacteur, pour un magazine de jeux vidéo. Dans une foultitude de jeux, que je devais tester, je me suis arrêté sur un titre, jouable en ligne, l’un des premiers du genre. En quelques minutes, et à distance donc, j’ai sympathisé avec le joueur adverse, sans rien connaitre de lui, comme ça. Très vite, on s’est marrés comme des gamins à échanger quelques vacheries... C’était un jeu de stratégie, dont j’ai, d’ailleurs, oublié le nom ! Juste après cette première partie en ligne  je me suis dis : ce truc peut changer le monde ! Sans a priori de couleurs, de nationalités, d’opinons politiques, religieuses ou autres, j’ai eu le sentiment que toutes les barrières sociales pouvaient sautées et dans une vaste marrade ! Le loisir du XXI EME siècle : c’est ça ! Par la suite et assez vite, en biographe,  je me suis aperçu - et ça me choque encore - que certains jeux, bien qu’étant de véritables œuvres d’arts, avaient  pour créateurs d’illustres inconnus !  Je me suis dis, qu’il fallait absolument réparer ça, laisser une trace de tout cela. Ces bâtisseurs de rêves devaient être reconnus ! 

Il y a eu trois éditions de ‘ La saga du jeu vidéo ’, avant la quatrième puis la cinquième édition qui vient de sortir chez Pix n love. Comment est ce que tout cela c’est passé, comment t’ont-ils convaincus pour faire ces nouvelles versions ? Comment as-tu pu ajouter tous ces changements ?
Chez Vuibert où est sorti la 3ème édition, ils n’ont pas bien compris le sens du livre : les envolées lyriques, le coté fou des évènements qui s’enchainent, s’entrecroisent… ils étaient 4 ou 5 correcteurs et qui passaient leur temps à me rougir les pages ! Et quoi de plus frustrant, pour un écrivain, que de se voir autant corrigé. Lorsque Florent Gorges m’a téléphoné, on s’est tout de suite compris. J’étais libre, de faire le livre tel qu’il est aujourd’hui. Dans le même esprit, pour cette dernière édition, il a encore été  augmenté en contenu, de nouveaux trucs invraisemblables !
Autant, pour cette cinquième édition, ont étés ajoutées l’histoire des évolutions les plus récentes du jeu vidéo (Kinect, I phone et les jeux sur les réseaux sociaux) autant il y a des anecdotes qui ont été retirées des toutes première éditions, est ce qu’il y a des choses dont tu te souviens ? Pourquoi certaines anecdotes  n’ont-elles plus leur place dans les deux dernières versions ? (Les plus complètes, de loin).  
Il y a des faits qui perdent de leur valeur avec le temps. J’ai, par exemple, retiré la polémique autour du jeu MORTAL KOMBAT qui avait même mobilisé Hillary Clinton avec tout un discours qu’elle avait développé sur la violence des jeux etc. C’est vrai qu’il y a des jeux violents, qui vont trop loin d’ailleurs, mais ce ne sont pas ceux-là qui font du jeu de l’art. Et on ne parle plus de la même chose. Ce sujet était de l’ordre des stéréotypes. Dans le même genre je me souviens d’une espèce de docteur ‘ phychiatro-trosphique ’, lors d’un passage radio où j’étais présent, qui en direct, se fendait d’avoir écrit un rapport, tout ce qui a de plus précis, sur le fait que le jeu de Nintendo ‘ l’entrainement cérébral du docteur Kawashima ’ ne rendait pas intelligent. Un peu intrigué, je lui demande alors s’il a joué au jeu en question. Il me répond que non ! Mais qu’il a étudié le sujet et que blabli-blabla… Même  la fille d’Europe 1, qui animait le débat,  lui est même rentrée dedans ! Pour ma part je lui ai simplement rappelé qu’avant de dire que l’eau est froide, c’est bien d’y tremper l’orteil...

Pour rendre le récit de la saga des jeux vidéo et à la fois plus simple mais aussi plus rythmé, tu as dû retirer certains recueils de créateurs -pourtant riches en informations- est ce que tu peux nous en citer un ? 
J’ai pas mal de chose sur Sid Meier (Série des Civilisations). Et j’aimerais beaucoup faire quelque chose autour de Peter Molyneux (Populous, Dungeon keeper, Fable). De quoi débuter un nouveau tome, qui sait…. Avec Microsoft et la Kinect, j’ai eu du mal, mais au final il y a des choses plutôt sympas et qui figurent dans le livre…

Combien de temps prennent tes interviews en général ? Michel Ancel, par exemple, dont tu as coécrit la biographie (Egalement aux Editions Pix n love) avec ‘ big pix ’, Sébastien Mirc, combien de temps t’as-t-fallu ?
Ça c’est passé en deux voyages, à Montpellier, je ne sais pas, il doit bien y avoir 8 heures d’enregistrement… bon et puis avec l’expérience, j’ai de la technique pour les questions, je peux faire vite tout en allant à l’essentiel. Les témoignages des proches sont aussi un bon complément pour une bio (Nicolas Choukroun, par exemple, l’un des pionniers, il était là, au tout début d’Ubisoft avec Ancel. Il a travaillé chez Cryo, aussi.).

Tu as eu beaucoup de retours sur tes biographies, des intéressés principaux, du bon et du moins bon : Steve jobs, Bill Gates, Madonna, Jean louis Aubert, tu as son téléphone (Attention, il y a un gag ^^) ?
Si j’ai le téléphone de Jean louis Aubert, ah oui, ok ^^. Aubert m’en a un peu voulu à la sortie de la bio sur téléphone,  certains passage avec Corine. Il y a des choses qui sont difficiles à cicatriser... En revanche, l’un des amis d’enfance du groupe Téléphone est devenu l’un de mes meilleurs amis. Philippe Ulrich, Bill Gates (lui, ne le dirait peut-être pas comme ça) sont aussi de mes amis désormais… réputé difficile à interviewer Gates m’accorde facilement un entretien… bien sur qu’il y a des retours !   

Qu’est ce tu penses du monde actuelle ? En ce qui concerne la presse : les magazines qui disparaissent les uns après les autres (Joypad, récemment). Ou pour ce qui est des jeux : L’importance prise des jeux dématérialisés avec des titres qui perdent donc la possibilité d’être échangés, prêtés, revendus… ils sont amenés à disparaitre, d’après toi ? Tout comme nos bonnes vielles manettes de jeux? C’est quoi l’avenir : Un casque qu’on enfilera (A la Virtual Boy) mais pour se voir apparaître dans un VRAI film interactif ?
Je crois aux jeux simples dans l’utilisation des nouvelles technologies.  Autant l’absence de boutons peut permettre de simplifier l’accès aux jeux vidéo à des gens qui jusque là n’y jouaient pas, autant la technologie se doit d’être pratique. Lors d’un salon, qui avait pour thème la réalité virtuelle, je me souviens de Peter Molyneux, dont nous parlions tout à l’heure, qui  me racontait être passé après quelqu’un avec un casque virtuel. Il y avait encore les pellicules du type précédent sur l’accessoire, il n’est pas allé plus loin ! Pour ce qui est des magazines, l’info, jetable,  à besoin de rapidité et donc pour cette raison les tablettes et l’Internet ne peuvent que remplacer les mags, à terme. En revanche, les livres et tout ce qui a un coté ‘ définitif ’, muri par une réflexion, élaboré avec du temps, les choses empruntes de nostalgie et que l’on peut collectionner, elles resteront. Un peu  comme le vinyle ou le CD vis-à-vis du mp3, ils y a des choses qu’on veut garder comme une affiche et physiquement.
 

Des souvenirs avec un jeu, une anecdote personnelle autour de soft, des titres que tu préfères ?
Tu m’as parlé de ta fille et de vos parties sur Crash Bandicoot, Rayman Origin. Je me souviens d’avoir vue ma fille joué au Roi Lion sur PS1, c’était drôle de la voir avec son premier jeu. Ses réactions avec la manette alors que le lion bougeait… Il y a eu Yoshi aussi, Star fox est également sympa a jouer avec un enfant. Sinon, personnellement j’ai adoré FF IX (Les graphismes, l’ambiance, c’est l’épisode que je préfère !) et la drôlerie de Monkey Island (l’écriture des dialogues, le personnage principal), l’intelligence de jeu, des situations… comme ce passage où il faut faire fondre la montagne de fromage. Puis, il y a Myst, pour les bruitages. Le jeu, très épuré,  est transcendé par ses sonorités, tout y est souligné, comme au cinéma…
Prêt pour le quizz ? 
Prêt ^^ !
A suivre: le premier retrogame quizz ! En invité: Daniel Ichbiah... to be continued. 

La Saga des jeux vidéo (5ème édition), par Daniel Ichbiah, (Editions Pix'n love), 520 pages, est disponible pour  19 € sur Amazon, sur Fnac.com, sur le site de Pix'n Love, et dans la plupart des librairies francophones..

mercredi 1 février 2012

A cause d'une peau de banane ! Extrait (exclusif) du roman Real TV de Hieronymus Donnovan.


Samedi 12 juin 1993.

9H10 – Rémi

Alors du coup, me voilà à jouer à Super Mario Kart en écoutant Nirvana. Pour moi, un jeu vidéo c'est pas de la rigolade, c'est une lutte de tous les instants, comme la vie en plus vrai. Alors, Arnaud qui se met à accompagner son groupe préféré au chant, c'est pas super bénéfique à ma concentration. J'essaye de m'isoler, d'imposer un filtre sonore à chacune de mes oreilles. C'est dangereux dans un sens, car à chaque fois que je m'enferme en moi-même, je pense à trop de trucs bizarres. Des fois, il se passe même de longs moments avant que je m'en rende compte. Vu ma passion pour l'école, c'est là-bas que ça m'arrive le plus souvent.

Bon. Respiration. Concentration. Expiration.


Nous voici devant l'écran de choix du conducteur, je prends Koopa Troopa, un bon compromis entre la vitesse et la tenue de route. Je préfère assurer, la situation n'est pas idéale. Le choix de mon adversaire s'arrête sur Mario. Erreur de débutant. Je sélectionne le niveau 150cc (le plus difficile, on est des vrais joueurs!) puis la coupe Champignon, euh, la plus facile. La plus courte surtout, histoire de pas trop « perdre » de temps, j'ai trop envie de commencer Final Fantasy et j'oublie pas notre passage nécessaire au vidéo-club. Un samedi, faut pas s'y rendre trop tard pour avoir le choix. Surtout si on veut se prendre les plus sanglants (et cons...) Vendredi 13: Le premier, puis du 6 au 8. Il paraît que le nouveau, Jason va en enfer, va sortir aux États-Unis pour les grandes vacances. Ils ont de la chance, les Ricains.


Nous, on attend le mois d'août avec impatience, y a le nouveau Schwarzy qui sort, une histoire dans laquelle un gosse plonge dans un film. Je sais plus le titre mais ça avait l'air génial quand on a vu la bande-annonce avant Cavale sans issue (qui lui était pourri, le Van Damme qui fait son romantique, c'est pas top). Ah, voilà, je me suis encore perdu dans moi-même. La course a déjà commencé et je viens de rater mon départ, puis de me prendre un des tuyaux verts placés au niveau du premier virage. Mon pote, déjà à la première place, se marre et continue à chanter. Ça commence mal. A force de jouer avec moi, il connaît ma façon de faire et sait qu'il n'y aura aucune communication entre nous deux tant que la partie ne sera pas terminée. Je me relance dans la course, Donkey Kong Junior arrive derrière moi et me dégomme, je perds des pièces et du temps (et oui, même ici le temps c'est de l'argent). Je remonte tranquillement les concurrents en cinq tours. Dans le final, alors que la musique s'accélère, je m'approche tranquillement de Mario. Puis, lorsque je suis à quelques centimètres de lui, j'utilise une étoile pour devenir invincible. Je prends bien soin de le toucher, ce qui le dégage dans le décor et lui fait perdre quatre places d'un coup. Je suis premier. Fallait que je lui montre qui est le vrai joueur dans cette pièce. Un truc de gagnant. J'ai quand même eu du pot, faut que je fasse attention pour la suite.


Deuxième circuit, la plaine Donut, je réussis mon démarrage et prends la tête de la course. J'ai longtemps eu beaucoup de mal avec cette piste, les virages sont secs et me poussent souvent à passer sur l'herbe, ce qui ralentit considérablement mon allure. Je me place directement à la première place en sachant que ce n'est pas la technique la plus habile. Mario me suit de très près, et je me rends compte que mon pote s'est intensivement exercé chez lui. Le jeu nous fait un caprice surprenant, puisqu'il a décidé que notre challenger (en gros, celui qui sur toutes les courses nous emmerdera pour prendre la première place) est Bowser. Mario en fait les frais se prenant des coups et volant dans le décor. Chacun de mes passages sur les cases mystères est récompensé par des carapaces vertes que je balance n'importe comment pour m'en débarrasser. J'aide involontairement mon principal concurrent, vu que l'une de mes carapaces frappe Bowser. Mario se rapproche alors dangereusement de moi, mais au dernier tour, j'ai la chance de récolter un champignon me permettant d'utiliser un raccourci (un trou dans un mur, sur un sol en herbe) et d'éviter un virage dangereux. Je termine premier, Mario second.


Le château hanté. La course la plus difficile. Un virage raté et c'est la chute dans le vide. Je prends la première place dès le départ, mais je suis vite dégommé par une carapace rouge. Au son du rire du mec assis à côté de moi, je devine facilement qui est à l'origine de cet attentat. Je plonge vers le vide, rattrapé par un nuage qui me fait payer une pièce pour le rapatriement. Il prend bien son temps et je me retrouve à la sixième place devant Donkey Kong Junior. J'essaye de revenir au-devant de la course, mais je me prends successivement un œuf explosif de Yoshi, un champignon piégé de Toad et une boule de feu propulsée par les fesses de Bowser. Une nouvelle chute et deux pièces plus tard me voici cinquième au dernier tour. Une fois de plus, la chance est de mon côté, en passant sur une case mystère, j’obtiens une plume. Celle-ci me permet de voler vers un passage secret dont l'issue est située au niveau de l'arrivée. Je gagne une place. Arnaud remporte cette course, je suis quatrième. J'ai honte de moi. Le premier pas vers une remise en question. Je reste optimiste, les deux courses suivantes sont relativement simples.


Dans le château de Bowser, aucune grande difficulté, mis à part l'évitement nécessaire de statues s'écrasant sur le sol et obstruant la piste. Je prends directement la première place, avec l'habitude de creuser beaucoup d'avance sur mes concurrents. Mais ici, Mario me colle. Plusieurs carapaces vertes me frôlent de quelques millimètres, divers objets dangereux croisent ma route, mais contrairement à la course précédente, je ne me laisse pas avoir. J'obtiens un champignon et l'utilise au moment où Arnaud tente de copier ma technique en utilisant une étoile dans l'avant-dernier tour. Mon avance est large, je me dirige tranquillement vers une nouvelle victoire. Mais quoi? Ah le salaud. Il vient de récolter un bonus rare. A quelques secondes de mon passage sur l'arrivée, un éclair me tombe dessus. Me voici transformé en mini-pouce, mon kart en Micro-Machine. Mon moteur n'est plus qu'un deux poneys, Mario me double et Bowser me dégomme carrément. Me voilà troisième, quelques millimètres devant la princesse Peach. C'est quoi ce week-end de merde!!!!
J'y crois pas, j'ai 22 points. Je suis second derrière Mario et ses 23 points. Obligé de gagner cette dernière course. Punaise, je ressens un truc bizarre, une pression. Je gagne toujours sur ce circuit, il est facile. Mais j'ai comme un manque de confiance : mon pote, ce mec en train d'hurler « The sun shines in the bedroom when we play » comme un taré, est en train de me battre. Un truc qui foutrait en l'air le meilleur des hommes.


Bon, c'est parti. A part des taches d'huile pas placées dans des endroits stratégiques, il n'y a pas de grande difficulté dans cette course finale. Nous sommes premiers ex aequo, mais c'est Mario qui démarre en pole-position. Cette fois, je décide de me la jouer fine et de rester stratégiquement derrière lui en attendant une opportunité pour le piéger. Nous prenons rapidement de l'avance sur les autres concurrents. J'ai pas de chance au niveau des cases mystères: des pièces et des carapaces vertes. Je n'arrive pas à toucher mon pote. Il me faudrait une belle carapace rouge pour le dégommer au dernier moment ou ce foutu éclair pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Non, j'obtiens une peau de banane. Je m'en débarrasse immédiatement avant le propulseur et le tremplin qui passe au-dessus de la première partie du circuit. Grâce à une conduite irréprochable, à une bonne maîtrise des virages à l'aide des boutons L et R, je double Mario sous ses insultes. Si proche de gagner contre moi pour la première fois, il est coriace! Cela me fait rire, mais je me reconcentre immédiatement et conduis vers la victoire. Quelque mètres avant le tremplin, je glisse sur une peau de banane au lieu de passer sur le propulseur et me retrouve au tout début de la course. Dernier ! Ah le con, c'est la peau de banane que j'avais abandonnée sans réfléchir. Tiens, dans ta gueule!!! Je ne peux plus rien faire, Mario gagne la course. Shit.


Arnaud est fou de joie. Il a quand même le réflexe de poser délicatement la manette sur la table (j'ai hérité d'un truc de mon père: moi, c'est ma console qu'il faut pas abîmer) avant de se lancer dans un solo sur une guitare invisible en suivant le rythme de son groupe grunge préféré.

Je regarde l'écran de télévision, perdu. Je ne suis même pas sur le podium final. Un poisson gonflable passe au-dessus des gagnants. Mario ouvre une bouteille, qui logiquement, selon le contrat moral de Nintendo, n'est pas du champagne mais du Champommy, et explose le pauvre poisson. Je comprends sa douleur. Moi aussi, je viens de me vider de toute substance intérieure. Punaise, j'ai perdu. Power off sur la console.

http://www.hieronymusdonnovan.com/real-tv/

Hiero